22/03/2021
CHERCHEZ L’ERREUR…
« Rencontrons-nous, discutons, convergeons », lançait en novembre 2018 le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, à l’endroit des « gilets jaunes » (dépêche AFP du 27 novembre 2018).¹ Comment ne pas être d’accord avec cet appel du député communiste du Nord, d’autant que ce mouvement social inédit a été victime d’une répression policière d’une violence inouïe au XXIe siècle ? À cette occasion, les policiers municipaux ont été appelés en renfort.² Des agents municipaux munis de casques et de boucliers, brandissant matraques et LBD (lanceurs de balles de défense). Une image d’autant plus surprenante que le maintien de l’ordre est pourtant interdit aux polices municipales comme le rappelle la circulaire du 20 juillet 2011 (NOR IOCD1119121C). Or, que soutient aujourd’hui Fabien Roussel, épigone du maire Alain Bocquet et conseiller municipal de la majorité communiste ? La création d’une police municipale à Saint-Amand-les-Eaux³ ! Du côté du peuple à Paris, du côté de la matraque à Saint-Amand, cherchez l’erreur…
¹ « Fabien Roussel (PCF) aux "gilets jaunes" : "Rencontrons-nous, convergeons" », 27 novembre 2018.
² Julie Clair-Robelet, « Gilets jaunes : les policiers municipaux appelés en renfort », La Gazette des communes, 10 décembre 2018.
³ Sébastien Chédozeau, « La dernière digue a cédé : Saint-Amand aura sa police municipale début 2022 », La Voix du Nord, 19 févier 2021.
Nicolas Foissel, « Saint-Amand : D’ici un an, la commune aura sa police municipale », L’Observatoire du Valenciennois, 5 mars 2021.
21:11 Publié dans Perso, Politique, Sécurité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : police municipale, maintien de l'ordre, gilets jaunes, pcf, parti communiste, saint-amand-les-eaux
05/09/2011
LE SON COMME ARME
Juliette Volcler, « Le son comme arme » in Article XI, 2 février 2010.
http://www.article11.info/spip/IMG/pdf/v2_le_son_comme_arme.pdf
Camille Polloni, « Flash, bang, blast : le son comme arme » in Les Inrocks, 29 août 2011.
10:48 Publié dans Autres, Loisirs et Culture | Lien permanent | Tags : maintien de l'ordre, mo, arme, police, gendarmerie, son, bruit, armée
22/08/2011
VIOLENCES URBAINES : UNE (AUTO)CENSURE MÉDIATIQUE ?
Suite aux émeutes de 2005, le chef d’escadron Talarico écrivit dans une étude [1] que « Le rôle des média dans ces déchaînements de violence s’avère aussi très important. En France, la presse a, en établissant des cartes des violences commises et en effectuant une surenchère informationnelle, poussé à la compétition entre quartiers. Elle porte donc une lourde responsabilité dans la propagation des violences. Après quelques jours, certains média en ont pris conscience. Ainsi, des chaînes de télévision ont décidé de ne plus communiquer de bilan par quartier et de limiter la diffusion des scènes de violence. Il s’agit, maintenant, pour le gouvernement, de profiter de cette prise de conscience des média pour établir avec eux une charte de bonne conduite en cas d’événements graves. Cela existe au Royaume-Uni. On a pu le constater lors des attentats à Londres de juillet 2005 : la presse n’a pas montré de corps de victimes et a tout de suite voulu montrer que la vie reprenait un cours normal sans céder à la psychose terroriste. Il faut entretenir le débat sur le rôle des média afin de les amener à prendre toutes leurs responsabilités si de nouveaux drames devaient survenir. » Or, des événements récents amènent à s’interroger à ce sujet : y a-t-il eu censure à propos de violences urbaines survenues en France au même moment que les émeutes anglaises ? En effet, si la presse nationale a abondamment commenté les troubles qui ont secoué l’Angleterre, Londres en particulier, pendant quelques jours au cours de ce mois d’août (contre quelques semaines en France fin 2005), elle a été étonnement silencieuse lors de situations similaires dans l’Hexagone. Pourtant, comme le rapporte Le Courrier picard dans son édition du 11 août 2011, Amiens a connu simultanément un déchaînement de violences. Le journaliste du quotidien picard, Bakhti Zouad, constate ainsi que « De nouvelles violences urbaines ont éclaté dans les quartiers nord d’Amiens mardi soir [9 août]. Elles se sont poursuivies tard dans la nuit obligeant les forces de l’ordre à quadriller la zone pendant plusieurs heures. » [2] Il décrit les événements en ces termes : « Les premiers heurts débutent vers 19 heures. Des policiers sont pris à partie par des groupes de jeunes et essuient de nombreux jets de projectiles. Un des fonctionnaires est alors blessé. Les véhicules des policiers sont également visés. Ils répliquent à l’aide de flash-ball et de gaz lacrymogène. Sur la place du Colvert un véhicule est incendié près d’un poteau à 21h10. Un acte peut-être volontairement destiné à détruire la caméra de surveillance installée au sommet. Elle ne résistera d’ailleurs pas à la chaleur du sinistre. Une heure plus tôt, c’est un scooter qui est brûlé rue Balzac en même temps qu’une autre voiture au pied d’une des deux tours. » Il précise en outre que « Les forces de l’ordre voient arriver rapidement des renforts des départements voisins (Oise, Pas-de-Calais, Seine-Maritime). » Preuve, s’il en fallait une, de l’insuffisance des effectifs policiers sur la métropole amiénoise comme ailleurs [3], conséquence funeste de la RGPP (Révision générale des politiques publiques) impulsée par Nicolas Sarkozy en juin 2007. Le déploiement de forces n’en demeure pas moins imposant : « Le ballet est incessant. Prêts à déverser leurs occupants au moindre incident, les fourgons [de CRS] se croisent, ils sont même par moment cul à cul. L'un des véhicules traîne une remorque de matériel, quelques instants plus tard nous voilà doublés par un véhicule plus imposant, presqu'un fourgon blindé... Il est 20 heures, le ton est donné, les policiers sont équipés comme des "Robocops". Une démonstration de force alors qu'ici ou là les habitants vaquent à leur occupation. » [4] Faut-il voir dans cette démonstration de force une nervosité politique craignant que l’incendie britannique ne se propage sur le continent en pleine torpeur estivale ? [5] « Voilà pour le visible, être vus est d'ailleurs le but. », remarquent les journalistes locaux tout en observant que « Cela n'a pas vidé les lieux. Au contraire. Fort de 25000 habitants, il y a plus de vie ici que partout ailleurs dans la ville. Il fait beau alors quitter les tours de béton est un luxe qu'on ne se refuse pas. De nouveau des familles traversent les lieux. Pour beaucoup, la présence policière, même pesante, rassure. » Ils concluent leur immersion dans le quartier nord sur ces quelques mots, constat sans complaisance en forme de sentence lapidaire : « Un autre monde, une autre ville. »
Capture d’écran : France 3 Picardie, « La police d’Amiens réclame des renforts », 18 août 2011.
Le calme, aussi précaire soit-il [6], est revenu mais l’alerte a été chaude. D’ailleurs, est-ce un hasard si Gilles Demailly, maire d’Amiens et président d’Amiens Métropole, a interrompu d'urgence ses vacances afin de rencontrer les habitants et le préfet ? Dans un communiqué en date du 10 août, l’élu socialiste « condamne fermement les violences sur les personnes ainsi que les violences urbaines à Amiens comme partout en France. […] En outre, le Maire d’Amiens salue le professionnalisme des agents des services publics, plus particulièrement ceux de la police municipale, de la police nationale, des sapeurs-pompiers et des personnes d’Amétis, pris régulièrement pour cibles. » [7] Un éloge mérité face à une violence endémique [8]. Il envisage d'envoyer un courrier au ministre de l'Intérieur pour réclamer plus de moyens. De son côté, Francis Lec, conseiller général (PS) d'Amiens Nord « lance un appel solennel au calme et exige de l'État, comme le demande la population, une véritable politique de la sécurité publique. » [9] Ce dernier appelait déjà à un plan Marshall pour Amiens Nord… en 2008 [10]. Cependant, vu le contexte économique et politique actuel, il est peu probable que leurs requêtes soient entendues, encore moins exaucées, d’autant qu’ils n’appartiennent pas à la majorité présidentielle et que l’on annonce déjà 12 000 suppressions de postes de policiers au niveau national pour l’an prochain ; Amiens sera forcément concernée par celles-ci alors que, selon le syndicat SGP-FO Unité police, majoritaire chez les gardiens de la paix et les adjoints de sécurité (ADS), les effectifs sont déjà singulièrement insuffisants à Amiens avec 150 policiers en tenue sur le terrain pour une circonscription de… 150 000 habitants (cf. tableau précédent). Cela dit, le mutisme des médias nationaux est particulièrement étrange, eux d’habitude si friands de ces faits divers qui effraient les bobos ; comme chantait Georges Brassens (Les oiseaux de passage), « Les bourgeois sont troublés… De voir passer les gueux ». Un silence d’autant plus incompréhensible qu’à l’automne 2010, ces mêmes médias ne s’étaient pas privés d’évoquer les émeutes qui avaient secoué la ville [11]. Par conséquent, comment expliquer cette soudaine frilosité ? Censure ou autocensure [12] ?
[1] Laurent Opsomer, « La militarisation du maintien de l’ordre, réalité ou fantasme ? » in Double Neuf, 9 juin 2011
[2] Bakhti Zouad, « Amiens. Le quartier nord s’embrase » in Le Courrier picard, 10 août 2011.
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Le-quartier-Nord-s-embrase2
[3] Laurent Opsomer, « Ceci n’est pas un échec… » in Double Neuf, 1er août 2011.
http://doubleneuf.nordblogs.com/archive/2011/08/01/ceci-n-est-pas-un-echec.html
[4] David Vandevoorde et Bakhti Zouad, « Amiens nord. Ambiance dans un quartier bouclé » in Le Courrier picard, 12 août 2011.
[5] Jeanne Dussueil, « Laurent Mucchielli : "Les conditions sont réunies en France pour de nouvelles émeutes" » in Challenge.fr, 11 août 2011.
[6] « Amiens. Le quartier Nord plus calme mais toujours tendu » in Le Courrier picard.fr, 16 août 2011.
[7] Émilie Thérouin, « La réaction du maire d’Amiens face aux violences urbaines qui émaillent notre ville », 10 août 2011.
[8] Thomas Delobelle, « Amiens. Quand servir l’ordre devient subir » in Le Courrier picard, jeudi 9 septembre 2010.
[9] Bakhti Zouad, « Amiens. Calme fragile au quartier Nord » in Le Courrier picard, 12 août 2011.
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-re...
[10] Francis Lec, « Mon plan Marshall pour Amiens Nord en 25 mesures », 1er février 2008.
http://francislec.over-blog.com/article-16255035.html
[11] À l’époque, Amiens a eu droit à un traitement médiatique spécial. En effet, fin septembre 2010, Orléans, ville de droite, connaissait trois nuits d’émeutes dans le quartier de l’Argonne mais ces événements ne rencontraient aucun écho dans la presse nationale (seule La République du Centre avait relaté ceux-ci dans un article intitulé « Orléans : flambée de violence à l’Argonne » le 27 septembre 2010). A contrario, début octobre 2010, Amiens, ville de gauche, connaissait une flambée de violence dans le quartier nord et faisait aussitôt la Une médiatique (quelques exemples ci-après). Deux poids, deux mesures ?
« Violences à Amiens : sécurité renforcée dans le quartier nord » in Le Parisien, 10 octobre 2010.
« Nuit d’échauffourées à Amiens » in Le Figaro avec AFP, 10 octobre 2010.
« Une nuit de violences urbaines dans le quartier nord d'Amiens » in Metro France, 10 octobre 2010.
« Violences urbaines à Amiens : plusieurs heures d'affrontements avec les forces de l'ordre » in Le Post, 10 octobre 2010.
« Violences urbaines Nuit mouvementée à Amiens Nord » in L’Union, 11 octobre 2010.
http://www.lunion.presse.fr/article/faits-divers/violences-urbaines-nuit-mouvementee-a-amiens-nord
[12] Goubelle, « De la censure à l’autocensure dans les médias » in Rue89, 16 août 2007.
http://www.rue89.com/goubelle-sen-mele/de-la-censure-a-lautocensure-dans-les-medias
11:34 Publié dans Actualités, Autres, Perso, Politique, Sécurité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amiens, londres, mo, maintien de l'ordre, médiatisation, émeutes, violences urbaines, crs, médias, média, presse, censure, autocensure, télévision